Repas de famille.
Pas de famille. Plus de famille.
Weekend en famille.
Famine.
Une balançoire, la petite balance sous lâoeil couvant de sa mère. Pendant quâelle me parle et me découve, mâanihile. Pendant que la petite, doucement se balance.
La grande ne se balance plus. Plus de balançoire pour elle. Juste la poussée. Vers le vide, vers le rien, vers le pire.
Sa mère la couve, pas la mienne.
Les mots tombent comme des lames de rasoir. Une mère de lames, une mer de larmes, amère de larmes qui nâont pu couler. Douleur si perçante quâelle anihile et fait taire tout sur son passage. Les émotions, lâétonnement, la peur, la honte. Tout sauf la balançoire.
¨Il mâa violée¨
Je ne respire plus. Je garde la face. Je regarde àterre. Tout sauf elle, ou la balançoire. Que dire? Que faire? Famille? Famine. Balancer? Me balancer? Me jeter? Le vide.
¨Tu ne diras rien, hein?¨
Depuis si longtemps le mot dâordre.
Elle la couve du regard. Si petite. Si touchante. Si innocente. Elle se balance. Elle la balance. Elle balance.
Pas moi. Pas elle. Moi câest dans le vide quâelle me balance, quâelle me pousse. La mer morte, la mère morte, la mère mord, le terrain vague, la mère est vague, marée basse pour la petite, marée haute pour la grande. La noyée. Quâon ne rescapera pas, quâon a poussé. Quâon nâa de cesse de noyer.
Quand nous quittons le terrain vague, la balançoire encore se balance, dans le vide, comme sâil serait éternel.
Et la petite a tant aimé, cette session de balançoire.
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Crédit dâimage: Depositphoto